vendredi 21 septembre 2012

Les attributs de Dieu

Ce qui est bien avec la spiritualité c'est que l'on a toujours des sujets à méditer, des questions profondes à résoudre. Le puzzle n'est jamais complet, il manque toujours une petite pièce quelque part. Perso j'aime bien, ça m'occupe l'esprit et fait passer le temps...
Il y a quelques jours je réfléchissais dans le train sur la nature de Dieu, on dit souvent qu'il est insondable et ses voies impénétrables. Néanmoins en cherchant bien j'ai quand même trouvé 5 attributs à Dieu. Du coup je me suis dit que pour la rentrée des classes il serait intéressant de les exposer sur mon blog.

1. La lumière : on dit souvent que les manifestations du divin s'accompagnent d'une lumière divine, d'une lumière d'un blanc totalement immaculé. Or ce qui est intéressant avec le blanc, c'est que ce n'est pas l'absence de couleur, au contraire le blanc est obtenu en additionnant toutes les couleurs possibles.

2. Le vide : on dit souvent que Dieu n'a pas une forme particulière, il est donc vide. Mais le vide ce n'est pas l'absence de forme, en réalité le vide contient toutes les formes. C'est le vide qui crée ce qui est "ici" et ce qui est "là-bas", toutes les formes et tous les phénomènes naissent du vide et retombent dans le vide.

3. Le silence : de la même manière que le vide contient toutes les formes/phénomènes, le silence lui contient tous les sons et toutes les pensées. Sans le silence aucun son et aucune pensée ne pourraient naître. Tous les bruits naissent dans le silence et retombent dans celui-ci. Je pense donc que le silence est un attribut de Dieu.

4. L'Amour : on dit toujours que Dieu est Amour. Je réalise que l'Amour avec un grand A contient tous les sentiments et émotions possibles. Quand quelqu'un se met en rage en réalité il manifeste de façon chaotique son besoin d'Amour. Les sentiments les plus sombres comme la haine et la peur sont des manifestations de l'Amour. Dans tous nos gestes, dans toutes nos actions, qu'elles soient nobles ou douteuses, le moteur c'est toujours l'Amour ou le besoin d'Amour.

5. L'instant présent : si on désire rencontrer Dieu, le lieu et le l'heure du RDV seront inexorablement les mêmes, il s'agit de "ici" et "maintenant". J'ai donc décidé de faire du moment présent un attribut de Dieu. Or en suivant toujours la même logique, je me dis que le vrai instant présent ce n'est pas quelque chose qui exclu le passé et l'avenir, au contraire le parfait instant présent doit contenir tous les temps. Tous les scénarios possibles et imaginables existent probablement déjà dans l'instant présent.

Au final on voit que les caractéristiques de Dieu sont complètement exhaustives, et la moralité de l'histoire (il en faut bien une!) c'est qu'on ne devrait jamais dire : "pourquoi Dieu n'empêche pas les guerres, les maladies etc.". Les guerres, les maladies et toutes les plaies qui frappent l'humanité sont un aspect de la divinité, si Dieu ne faisait que le "bien" alors ce serait un Dieu castré et en aucun cas un Dieu tout puissant et absolu.

Un être spirituel ce n'est probablement pas quelqu'un qui vit pépère dans son ermitage à l'abri de toute contrainte. Au contraire c'est quelqu'un qui plongé dans la tourmente garde sa sérénité. C'est quelqu'un qui connait tous les aspects de la divinité et n'en rejette jamais un seul. C'est quelqu'un qui a aussi compris que tous les aspects de la divinité se soutiennent entre eux, le chaud ne peut exister sans le froid, le grand sans le petit, le bien sans le mal etc.

vendredi 1 juin 2012

Le dernier jeu de rôle

Après mes 2 derniers messages où j'évoque l'impossibilité de s'unir au divin et de rester dans un état de paix constant qu'on appelle souvent l'éveil, j'ai envie de conclure le sujet avant de passer à d'autres réflexions un peu plus légères.

Pendant une grande partie de ma vie j'ai joué différents rôles et développés différents personnages, quand j'ai réalisé qu'aucun rôle ne me satisfaisait vraiment je me suis tourné vers la spiritualité et j'ai développé un nouveau personnage que j’appellerai le disciple.

Le disciple a une particularité qui le rend unique parmi tous les jeux de rôles possibles, c'est qu'il est prêt à se soumettre à Dieu, il est prêt à se soumettre à quelque chose qu'il reconnaît comme étant supérieur à lui. Néanmoins aussi remarquable que soit le rôle du disciple, qu'on pourrait très bien appeler aussi le méditant ou l'observateur, cela reste un rôle et qui dit rôle dit problème...

Dans mon dernier message j'explique qu'à chaque fois que je sens une ouverture en moi, je n'arrive pas à m’engouffrer dans la brèche. En fait pendant ces moments d'ouverture il se passe quelque chose de bizarre, c'est-à-dire qu'en réalité le moi/je fait l’expérience de la non-dualité. Or le moi/je ne peut pas par sa nature supporter la non-dualité, cela revient à envoyer du 100'000 volts dans un ampoule qui peut en supporter 100, elle explose tout de suite!

Il y a donc quelque chose de très déstabilisant dans l'éveil, à savoir que l'éveil n'est pas une expérience, l'éveil n'est pas un objet de perception, l'éveil ne peut ni se perdre ni se gagner. Dès qu'il y a un moi/je qui expérimente la non-dualité alors c'est une non-dualité tronquée. Je réalise aussi que ma vraie nature est complètement indifférente à tous les drames et scénarios qui se jouent dans le monde et surtout dans ma tête, elle est totalement inconditionnée. Voila un autre gros problème pour le disciple/méditant/observateur, il cherche désespérément le bonheur mais un bonheur conditionné. Être heureux sans raison, cela est insupportable pour le gentil disciple...

En me lisant on pourrait être tenté de croire que l'éveil est un truc complètement fou et inaccessible. En réalité je suis persuadé que c'est tout le contraire, il y a quelque chose de trop simple dans l'éveil, on ne le voit pas parce qu'on va chercher beaucoup trop loin ce qui est juste là devant nos yeux!
Pour reprendre une image assez répandue dans le bouddhisme, le soleil ne s'arrête jamais de briller, le mental peut le voiler avec son fatras de pensées et de concepts mais en aucun cas il ne peut l'éteindre...

"Vous réalisez que ce n’est pas vous qui vivez votre vie, mais la vie qui vous vit. La vie est le danseur et vous, la danse." Eckhart Tolle

spiritualité et non-dualité


mardi 1 mai 2012

L'impossible grand écart

Dans mon quotidien j'ai des moments d'ouverture, le sentiment parfois de toucher au but, c'est-à-dire de sentir la nature réelle et intemporelle de mon être. Cela créé un grand relâchement et une sorte de communion ultime avec le monde et tout ce qui m'entoure. Paradoxalement il y a aussi quelque chose d'insoutenable dans ces états d'ouverture et de béatitude, dans le sens que la transition est beaucoup trop forte. Tout ce qui rempli mon quotidien depuis des années devient soudain complètement absurde. Bien sûr lâcher prise avec les aspects négatifs de ma vie il n' y a pas de problème et ce n'est pas perturbant ;-) mais éveiller vraiment ma conscience c'est aussi lâcher prise avec la relation que j'ai avec ma fille, avec mes parents, avec tous ceux que j'aime. C'est lâcher prise avec ce blog et surtout avec toute forme de quête spirituelle. Pour résumer c'est lâcher prise avec toute mon histoire personnelle. Et là le "sacrifice de l'éveil" est beaucoup plus délicat. Le gouffre entre une vie dirigée par l'égo et une vie dirigée par le divin est trop important pour pouvoir concilier les deux, c'est une sorte de grand écart impossible à réaliser.
Pourtant dès que je retombe dans un état de conscience ordinaire, une petite voix me dit "bon sang  Cédric, tu ne comprends pas que c'est en abandonnant ton rôle de père que tu seras le meilleur des pères, que c'est en lâchant ton rôle de fils que tu seras le meilleur des fils etc..."

Après ce genre d'expérience très brève avec le divin, je me dis que finalement ça doit être ça l'apocalypse. Dans le sens que l'apocalypse ce n'est en aucun cas la fin de la planète terre, c'est la fin des projections mentales sur le monde, c'est la fin de l'égo et de notre histoire personnelle, et en finir avec l'égo ce n'est vraiment pas une sinécure. C'est même peut-être encore plus brutal qu'une destruction physique du monde.
C'est une des raisons qui fait que je n'écris plus grand-chose sur ce blog depuis assez longtemps, je n'arrive pas à rester plus qu'une poignée de secondes dans un état de paix intérieure. Et je suis un peu fatigué de chercher à transmettre quelque chose que je n'arrive pas vraiment à saisir moi-même. En fait j'irai même plus loin, cela fait longtemps que je suis arrivé à la conclusion que la libération finale qu'on appelle souvent l'éveil n'est pas vraiment en mon pouvoir et ne dépend pas de moi. L'éveil ne peut pas être le fruit d'une pratique spirituelle, sinon ce serait finalement quelque chose d'ordinaire qui peut s'acquérir et comme le dit toujours Karl Renz : "tout ce qui peut s'acquérir, peut se perdre". Cela voudrait dire aussi que l'éveil est quelque chose qui peut-être provoqué par le moi/je, or l'éveil c'est justement la fin du moi/je. Il existe pas mal de citations de maîtres bouddhistes ou zen qui vont dans ce sens :"j'ai monté toutes les marches grâce à mes efforts et à ma persévérance, mais la dernière marche ce n'est pas moi qui l'ai franchie". Les maîtres aiment bien aussi appeler l'éveil : "l' accident divin".

Néanmoins si l'éveil ne peut être le fruit d'une pratique, abandonner la quête serait selon moi une grave erreur. Je comparerais la recherche de l'éveil à un pêcheur (...pécheur?) qui voudrait attraper le seul poisson du lac, autant dire que les chances sont faibles. Mais si vous posez des actes positifs et faites preuve de persévérance, j'ai le sentiment que cela revient à jeter des boulettes d'appâts autour de sa ligne et augmente fortement les chances de prendre le poisson. Et puis ce qui me paraît évident, c'est que tant qu'on est pris dans le tourbillon de la vie on est bien obligé de s'appuyer sur l'aspect relatif des choses et de faire tout simplement ce que l'on peut en fonction de ses moyens et de sa situation.

Pour conclure je dirai que mes pratiques ne visent plus à découvrir quelque chose de nouveau, mais que je cherche au contraire de plus en plus ce qui a toujours été là, ce qui ne dépend pas des conditions extérieures, ce qui ne dépend pas du temps, je cherche à comprendre la nature de celui qui bouge sans n'avoir jamais bougé et que j'aime appeler Dieu. Même si ce mot semble générer beaucoup de projections délirantes chez moi et aussi dans toutes les couches de la société.

"Les noms qui sont donnés aux choses du monde renferment une grande illusion, car ils détournent la pensée de ce qui est réel vers ce qui n'est pas réel, et celui qui entend le nom "Dieu" ne saisit pas ce qui est réel mais ce qui n'est pas réel."
"La lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la droite et la gauche sont sœurs les unes des autres ; elles sont inséparables. C’est pourquoi ni les bons sont bons ni les méchants méchants, ni la vie est vie, ni la mort est mort. En conséquence chacun sera dissous dans sa nature originelle. Mais ceux qui sont supérieurs au monde sont indissolubles, Eternels." Citations extraites de l'Evangile apocryphe selon Philippe