Pourtant dès que je retombe dans un état de conscience ordinaire, une petite voix me dit "bon sang Cédric, tu ne comprends pas que c'est en abandonnant ton rôle de père que tu seras le meilleur des pères, que c'est en lâchant ton rôle de fils que tu seras le meilleur des fils etc..."
Après ce genre d'expérience très brève avec le divin, je me dis que finalement ça doit être ça l'apocalypse. Dans le sens que l'apocalypse ce n'est en aucun cas la fin de la planète terre, c'est la fin des projections mentales sur le monde, c'est la fin de l'égo et de notre histoire personnelle, et en finir avec l'égo ce n'est vraiment pas une sinécure. C'est même peut-être encore plus brutal qu'une destruction physique du monde.
C'est une des raisons qui fait que je n'écris plus grand-chose sur ce blog depuis assez longtemps, je n'arrive pas à rester plus qu'une poignée de secondes dans un état de paix intérieure. Et je suis un peu fatigué de chercher à transmettre quelque chose que je n'arrive pas vraiment à saisir moi-même. En fait j'irai même plus loin, cela fait longtemps que je suis arrivé à la conclusion que la libération finale qu'on appelle souvent l'éveil n'est pas vraiment en mon pouvoir et ne dépend pas de moi. L'éveil ne peut pas être le fruit d'une pratique spirituelle, sinon ce serait finalement quelque chose d'ordinaire qui peut s'acquérir et comme le dit toujours Karl Renz : "tout ce qui peut s'acquérir, peut se perdre". Cela voudrait dire aussi que l'éveil est quelque chose qui peut-être provoqué par le moi/je, or l'éveil c'est justement la fin du moi/je. Il existe pas mal de citations de maîtres bouddhistes ou zen qui vont dans ce sens :"j'ai monté toutes les marches grâce à mes efforts et à ma persévérance, mais la dernière marche ce n'est pas moi qui l'ai franchie". Les maîtres aiment bien aussi appeler l'éveil : "l' accident divin".
Néanmoins si l'éveil ne peut être le fruit d'une pratique, abandonner la quête serait selon moi une grave erreur. Je comparerais la recherche de l'éveil à un pêcheur (...pécheur?) qui voudrait attraper le seul poisson du lac, autant dire que les chances sont faibles. Mais si vous posez des actes positifs et faites preuve de persévérance, j'ai le sentiment que cela revient à jeter des boulettes d'appâts autour de sa ligne et augmente fortement les chances de prendre le poisson. Et puis ce qui me paraît évident, c'est que tant qu'on est pris dans le tourbillon de la vie on est bien obligé de s'appuyer sur l'aspect relatif des choses et de faire tout simplement ce que l'on peut en fonction de ses moyens et de sa situation.
Pour conclure je dirai que mes pratiques ne visent plus à découvrir quelque chose de nouveau, mais que je cherche au contraire de plus en plus ce qui a toujours été là, ce qui ne dépend pas des conditions extérieures, ce qui ne dépend pas du temps, je cherche à comprendre la nature de celui qui bouge sans n'avoir jamais bougé et que j'aime appeler Dieu. Même si ce mot semble générer beaucoup de projections délirantes chez moi et aussi dans toutes les couches de la société.
"Les noms qui sont donnés aux choses du monde renferment une grande illusion, car ils détournent la pensée de ce qui est réel vers ce qui n'est pas réel, et celui qui entend le nom "Dieu" ne saisit pas ce qui est réel mais ce qui n'est pas réel."
"La lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la droite et la gauche sont sœurs les unes des autres ; elles sont inséparables. C’est pourquoi ni les bons sont bons ni les méchants méchants, ni la vie est vie, ni la mort est mort. En conséquence chacun sera dissous dans sa nature originelle. Mais ceux qui sont supérieurs au monde sont indissolubles, Eternels." Citations extraites de l'Evangile apocryphe selon Philippe
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