Pendant une grande partie de ma vie j'ai joué différents rôles et développés différents personnages, quand j'ai réalisé qu'aucun rôle ne me satisfaisait vraiment je me suis tourné vers la spiritualité et j'ai développé un nouveau personnage que j’appellerai le disciple.
Le disciple a une particularité qui le rend unique parmi tous les jeux de rôles possibles, c'est qu'il est prêt à se soumettre à Dieu, il est prêt à se soumettre à quelque chose qu'il reconnaît comme étant supérieur à lui. Néanmoins aussi remarquable que soit le rôle du disciple, qu'on pourrait très bien appeler aussi le méditant ou l'observateur, cela reste un rôle et qui dit rôle dit problème...
Dans mon dernier message j'explique qu'à chaque fois que je sens une ouverture en moi, je n'arrive pas à m’engouffrer dans la brèche. En fait pendant ces moments d'ouverture il se passe quelque chose de bizarre, c'est-à-dire qu'en réalité le moi/je fait l’expérience de la non-dualité. Or le moi/je ne peut pas par sa nature supporter la non-dualité, cela revient à envoyer du 100'000 volts dans un ampoule qui peut en supporter 100, elle explose tout de suite!
Il y a donc quelque chose de très déstabilisant dans l'éveil, à savoir que l'éveil n'est pas une expérience, l'éveil n'est pas un objet de perception, l'éveil ne peut ni se perdre ni se gagner. Dès qu'il y a un moi/je qui expérimente la non-dualité alors c'est une non-dualité tronquée. Je réalise aussi que ma vraie nature est complètement indifférente à tous les drames et scénarios qui se jouent dans le monde et surtout dans ma tête, elle est totalement inconditionnée. Voila un autre gros problème pour le disciple/méditant/observateur, il cherche désespérément le bonheur mais un bonheur conditionné. Être heureux sans raison, cela est insupportable pour le gentil disciple...
En me lisant on pourrait être tenté de croire que l'éveil est un truc complètement fou et inaccessible. En réalité je suis persuadé que c'est tout le contraire, il y a quelque chose de trop simple dans l'éveil, on ne le voit pas parce qu'on va chercher beaucoup trop loin ce qui est juste là devant nos yeux!
Pour reprendre une image assez répandue dans le bouddhisme, le soleil ne s'arrête jamais de briller, le mental peut le voiler avec son fatras de pensées et de concepts mais en aucun cas il ne peut l'éteindre...
"Vous réalisez que ce n’est pas vous qui vivez votre vie, mais la vie qui vous vit. La vie est le danseur et vous, la danse." Eckhart Tolle